Où en est-on de l’entrepreneuriat en France ? Avec près de 550 000 créations d’entreprises en 2011, l’entrepreneuriat est incontestablement une valeur montante. En dépit d’une bureaucratie souvent complexe, des charges importantes et une image négative associant l’entrepreneur à l’appât du gain, la possibilité de réussir se trouve derrière chaque idée originale ou pertinente…

Le « marché » de la création d’entreprises

Entre 2002 et 2010, le nombre de créations d’entreprises a triplé. Pour Laurence Piganeau, responsable du pôle expertise à l’APCE, trois raisons majeures expliquent cette augmentation spectaculaire de l’entrepreneuriat : « l’évolution des mentalités, le manque d’opportunités sur le marché de travail et surtout la création du statut d’auto-entrepreneur. Grâce à ce statut relativement souple, de nombreuses personnes osent passer à l’acte. »  Et cela touche tous les secteurs : quelques 15% des créations d’entreprises concernent le domaine de la construction, 15% ont trait aux activités scientifiques et techniques (ingénierie, comptabilité, architecture, juridique, communication…), 14% le commerce de détail et 8% le service aux personnes. Petit clin d’œil au monde du sport : en 2011, quelques 2 774 entreprises ont été créées, à l’image de centres de culture physique, promoteurs d’évènements sportifs, sportifs professionnels, arbitres, écuries de chevaux de course…

Créer une entreprise ne s’improvise pas. Beaucoup sont candidats et la réussite n’est pas toujours au rendez-vous. D’après Anne Gloaguen, responsable crédit chez Oseo, organisme de financement des PME et des entrepreneurs, « l’un des ingrédients essentiels pour réussir est une parfaite adéquation entre le profil du créateur et le marché visé. Après, la motivation de l’entrepreneur, le sérieux de son projet (business plan réaliste, prévisionnel cohérent…) ou encore une capacité à bien s’entourer, peuvent également faire la différence. » Et si votre projet est particulièrement bien construit et prometteur, vous pouvez aussi obtenir des aides de financement. De quoi vous lancer sur de bons rails…

A la rencontre d’entrepreneurs qui réussissent !

En janvier 2002, Frédéric Granotier cofonde Poweo, opérateur d’électricité et de gaz, avec Charles Beigbeder, un serial entrepreneur célèbre. Quelques années plus tard, il change de cap et crée Lucibel, société spécialisée dans l’éclairage LED. Pour Frédéric Granotier, c’est évident : « j’ai la nostalgie du frisson de la page blanche. J’aime redémarrer de zéro car, dans cette phase initiale, tous les rêves sont possibles, tous les rêves sont permis. Cela procure une incroyable dose d’adrénaline. » En clair, un entrepreneur né. Qui sait généralement où il met les pieds : « je me suis rendu compte qu’avec l’apparition de l’éclairage LED, une révolution complète se produisait dans le monde de l’éclairage. Face à cette rupture technologique, les grands acteurs que sont Philips ou Osram ne sont pas forcément les mieux placés pour réussir. En effet, leur organisation est adaptée à l’éclairage traditionnel et non à l’éclairage numérique. Clairement, cela ouvrait d’excellentes opportunités pour une Start-up. » Si la bonne idée est au rendez-vous, celle-ci ne représente selon lui que 15% de la recette pour réussir : « le reste (85%) n’est que de l’implémentation : savoir dérouler son entreprise commercialement, faire preuve d’une motivation à toute épreuve et recruter le management adéquat. » En 2011, Lucibel a réalisé un chiffre de 3,6 millions d’euros.

En 2011, près de 60 000 entreprises ont été reprises. Entre les dettes à racheter et le personnel licencié, les dossiers sont souvent très complexes. En 2008, le fondateur de Matelsom, Emery Jacquillat, a décidé de racheter la Camif, un des leaders de la vente par correspondance, alors en liquidation judiciaire. « La Camif avait raté le virage d’Internet et accusait un passif de près de 100 millions d’euros. Pourtant, en rachetant la marque et le fichier client, j’étais persuadé de la possibilité de relancer ce dossier » explique Emery Jacquillat. En mars 2009, il obtient l’accord du tribunal pour la reprise et boucle un plan de financement très compliqué à mettre en place : « nous nous trouvions au beau milieu de la crise des subprimes et les banques étaient très frileuses pour accorder des prêts. Grâce au soutien d’Oseo et de la région Poitou-Charentes, le projet a pu se concrétiser. » Un travail de titan s’annonce : reconquérir la base des clients de la Camif, développer la vente sur Internet et proposer une offre intégrant pleinement le développement durable (recours à près de 70% de producteurs français). « Aujourd’hui, nous avons fait le plus dur, soit se remettre sur les rails et préserver de nombreux emplois. Désormais, notre objectif est de doubler voire tripler notre chiffre d’affaires dans les prochaines années » annonce Emery Jacquillat.

 

Romain Giry

Publié sur L’EquipeMag